Migrants

La mort du petit Aylan, ce très jeune garçon d’une famille de migrants kurdes venant de la ville de Kobané en Syrie, ne peut laisser personne indifférent et nous interpelle comme toute mort et peut être plus que toute mort. Au delà du symbole fort du drame humain, cette mort ne pose pas les vraies questions sur les migrants. A l’évidence, si nous voulons accueillir les migrants réfugiés politiques comme le veulent nos traditions et nos engagements internationaux, alors nous devons reconduire tous les migrants déboutés de l’asile politique, appelés désormais migrants économiques, comme Laurent Fabius l’a lui-même déclaré dans le JDD du 23 Août 2015. La Cour des comptes vient de l’indiquer dans un rapport, seulement 1% sont réellement reconduits, c'est-à-dire que 99% restent sur le territoire français, sans aucun droit réel. Faute de cette action, l’accueil en nombre des vrais réfugiés devient quasiment impossible et sujet à des problèmes majeurs. Enfin, personne n’ose rappeler avec la force qu’il convient que les migrants économiques, dernier nom politiquement correct des sans-papiers après celui des clandestins ou des illégaux, seuls exacts, ayant la certitude d’avoir une vie meilleure en Europe (ce qu’ils auront de toute manière) sont avant tout le fruit d’un trafic très rentable et très bien organisé par des décideurs et des passeurs qui ne sont pas des Européens. Comme il y a quatre siècles en Afrique où la traite de Noirs fût d’abord l’affaire des Africains qui l’ont eux-mêmes organisée et voulue (2/3 pour l’Afrique et les pays arabes, 1/3 pour l’Europe dont 20% pour la France). Aujourd’hui comme avant, ils partent de pays indépendants et souverains qu’ils ont la responsabilité d’organiser et de développer pour eux-mêmes et leurs enfants comme nous l’avons fait pour nous-mêmes, au prix du « sang et des larmes » et d’épreuves tout au long de notre histoire.

La responsabilité de l’Europe ne peut donc être fondamentalement engagée, encore moins aujourd’hui, sauf falsification de la réalité. Il reste donc à l’Europe de faire ce qu’elle doit faire en termes d’asile et de protection et de cesser d’être munichoise en redonnant aux mots leur vrai sens comme le rappelait un Sage chinois il y a plusieurs siècles : « A la tête d’un Etat qui ne gouvernait plus rien, l’Empereur, en désespoir de cause, fit mander un sage et demanda quelles réformes il devait entreprendre pour que la Chine fût à nouveau la Chine. « Redonner aux mots leur exacte signification, répondit le sage, est la première d’entre elles. »

Michel MERCIER
Président de l'Union Gaulliste pour la Démocratie UGD